Sources pour la reconstitution du fond protestant de la Manche

I - Avant 1685

A- Les registres des BMS protestants tenus par les pasteurs des différentes Eglises :

• Registres originaux :
• Glatigny (67 actes, 1657-1684) dans une collection privée.
• Sainte-Mère Eglise (157 actes, 1669-1679), original aux archives nationales (cote TT 237/2)

• Copies de registres :
• Sainte-Mère Eglise, Sainte-Marie du Mont, Carentan (728 actes de 1578 à 1681), copie par M. Edmond Bourdon vers 1914 faite sur les originaux détruits à St-Lô en 1944, et conservée à la Société d’histoire du protestantisme français (SHPF), 54 rue des Saints Pères 50007 PARIS, photocopie aux ADM de St-Lô.
• Le Val de Saire ou Montfarville (268 actes de 1601 à 1660), copie de M. Edmond Bourdon vers 1914 conservée à la SHPF.
• Fontenay le Husson (17 actes de BMS en 1683, suivis de 16 abjurations en 1685 et 1686) dans la revue du Mortainais n° 22, copie par M. V. Gastebois en 1929.

    Il ne reste aucun registre des Eglises de Valognes, le Chefresne, Cerisy la Salle, Gavray, Ducey et Saint-Lô.

• Les registres protestants de St-Lô, totalement brûlés en 1944, contenaient, avec quelques lacunes, les actes de 1557 à 1681, soient 5412 baptêmes, 1216 mariages, 3088 inhumations.

Des ouvrages de seconde main y font référence et deviennent très intéressants, même s’il faut les utiliser avec prudence. Retenons particulièrement les recherches de :

• M. Pierre Lepesant (1 Mi 90 R1 et R2)
• M. Lepingard : NMD tome 9 p 1 à 133
• Le Dr Leclerc : NMD tomes 31, 37, 38, 39, 40, 41, ANN 1930

B- Actes notariés :

• Les en-têtes des contrats de mariages protestants ne comportent jamais le mot «Eglise romaine ».

Mais ils ne comportent pas toujours le mot «Eglise réformée ».
           En cas de doute, il est nécessaire de compléter l’information par d’autres documents : registres catholiques ….

• Les créations de rentes pour l’entretien du ministre :

Ex. 5 E 6862-119 du notariat de Percy le 10 avril 1637 où 48 religionnaires créent une rente devant trois Anciens de l’Eglise du Chefresne (45 signatures et 6 marques).

• Les testaments, inventaires et partages comme pour toute famille.

II - Après 1685

A- Les registres catholiques des BMS

• Mariages : actes absents sauf s’il y a abjuration et preuve d’une bonne foi

• Baptêmes obligatoires :

Selon le prêtre qui rédige l’acte, les ordres qu’il a reçus, la rédaction est plus ou moins claire.

• Le 11/04/1688, à Ste-Mère Eglise, baptême de Françoise Graffard fille de Gédéon et Esther Gaillard ….(aucune mention spéciale mais pas de « né du légitime mariage de », Gédéon et Esther ont dû abjurer leur hérésie).
• Le 17/03/1690, baptême de Thomas Graffard fils de Gédéon et Esther Gaillard, de la religion prétendue réformée…..

La situation est plus complexe au Chefresne :

• 737 : baptême de Marie née ex illicito des œuvres d’Isaac Talbot et Bertranne Villain ses père et mère…(acte humiliant par sa rédaction, mais clair pour le chercheur)
• 1742 : baptême de Jean François né ex illicito d’Anne Catherine Villain fille Isaac…. (à nous de chercher qui est le père par les actes de baptême d’autres enfants, plus explicites peut-être)

• Inhumations : les protestants ne meurent pas !
• Pour les petits enfants de moins de 6 ans, la sépulture en terre chrétienne est autorisée :

A Saint-Denis le Gast, le 23/06/1734, inhumation d’une petite fille de deux ans de Noël Letousey et Marie Roussel de la religion prétendue réformée….

• Pour les protestants qui ont abjuré récemment, l’acte d’inhumation comporte toujours une mention spéciale :
• A Agneaux, le 27 juin 1688,  Susanne de Lécluze, 78 ans environ, nouvellement convertie à la religion catholique … est décédée après avoir reçu les saints sacrements pendant sa vie et à la mort ….
• A Saint-Georges Montcocq, Jean-François Saint ayant abjuré le 18 janvier 1740 le calvinisme dans lequel il avait vécu et embrassé la RCAR, s’y étant longtemps auparavant mûrement préparé, est décédé le 21 dudit mois et an muni de tous les sacrements ….

B- Archives diocésaines de Coutances :

• Abjurations
• Si elles sont peu nombreuses dans la paroisse, elles figurent dans le registre des BMS, en l’année 1685 particulièrement : Percy, St-Denis le Gast, Couvains, Carantilly, Pontorson, mais aussi le Mesnil Garnier, Marcilly en plus petit nombre ….. Rien dans les registres de Cerisy la Salle, Moyon, Cambernon puisque l’année 1685 y est absente.
• Si elles sont nombreuses, elles sont portées sur une feuille spéciale et communiquées à l’évêché, ce fut le cas pour le Chefresne : la feuille a été lue vers 1914 et portait 51 noms (copie à la société d’histoire du protestantisme à Paris, dans le manuscrit Cauvin Bourdon)
• dossier de 434 abjurations à Coutances.

•  Visites archidiaconales relatant la fréquentation des paroissiens aux offices, ou plaintes spontanées des prêtres
• A Saint-Lô, plainte des prêtres sur l‘opiniâtreté des protestants
• A Cambernon, en 1716, « Cyprien Lecapelain, sa femme, ses deux fils et sa fille ont abjuré autrefois et retombés peu après. Il y a souvent des gens de l’île de Jersey chez eux » (microfilms des archives départementales)

• Enquêtes de consanguinité menées par l’évêché pour autoriser un mariage (microfilms à St-Lô)

Donnent de précieux renseignements sur quatre générations, et, parfois, l’appartenance à la RPR

- 1749 : Susanne Lemenuet de St-Lô, dont le père « a le malheur d’être religionnaire » désire épouser son cousin Jean Baptiste Adam, bon catholique.(6 Mi 249 )

C- Actes notariés :

• Contrats de mariage, seule pièce officielle qui authentifie l’union protestante.

L’en-tête du contrat reste à décrypter : on n’y trouve ni le terme d’Eglise romaine, ni celui de réformée.
           Ce peut être « au plaisir de Dieu », « Eglise chrétienne », « Eglise catholique », « Eglise apostolique », ou aucune mention religieuse. Là encore, un doute doit être vérifié.

• Requêtes pour être autorisés à vendre un bien immobilier ou une rente,
  auprès de l’intendant de la généralité de Caen, en tant que nés dans la RPR : le roi craignait que, par la vente de leurs biens, les protestants ne préparent leur fuite vers l’étranger. Ils doivent préciser à quoi servent les capitaux obtenus.

• Testaments, très sobres sur la destinée de l’âme.

• Réclamations des trésoriers des hôpitaux :

Le 7/08/1690, Jean Mariette  et Pierre Lemoigne, héritiers de Jacques Lucas à cause de leurs femmes,…. s’obligent à faire continuer à l’avenir le nombre de 60 sols de rente à l’hôpital de Thorigny, rente créée en 1617 par Jacques Lucas, aïeul des dites femmes, au bénéfice du temple du Chefresne.

En effet, les rentes créées par les réformés au profit du pasteur, sont dévolues à l’hôpital le plus proche après 1683.

D- Série H et complément, archives des hôpitaux, Hôtel Dieu de Coutances….(aux ADM)

E- Procès au parlement de Rouen (archives départementales de Rouen) :

• 1686, les frères du Poirier de Soulles pour posséder des livres interdits
• 1686, Gédéon Tanqueray d’Hébécrevon ayant abjuré, est condamné aux galères pour avoir refusé les saints sacrements pendant sa maladie.
• 1687, Jean Dubois pour avoir placardé à Saint-Lô deux vers séditieux en latin, contraires à la RCAR (Revue de la Manche fascicule 173 janvier 2002)
• 1699, Susanne Hardy à Moyon pour organiser des assemblées secrètes
• 1709, Jean Talbot du Chefresne pour avoir hébergé des religionnaires du Poitou

F- Quelques chartriers : Gourfaleur …

G- Série C aux archives départementales de Caen :

• les Nouvelles Catholiques de Saint-Lô : correspondance de l’intendant, listes des jeunes filles incarcérées …( C 1537 à 1543, 1632 à 1652)
• Etat des biens des fugitifs placés en régie (série C)

H- Archives étrangères : Jersey, Grande Bretagne, Allemagne, Pays-Bas, Etats-Unis, Afrique du Sud, sur le refuge :

• Bulletin annuel de la société jersiaise, années 1891 et 1897
• Publications des différentes sociétés huguenotes du monde.

article paru dans le bulletin d'échanges de novembre 2005 du Cercle généalogique de la Manche.

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