portrait de Renée de Rieux

Renée de Rieux
dame de Sainte Maure, marquise de Nesle

(1524-1567)


Comtesse de Laval, baronne de Vitré (par héritage)

Biographie :

En 1547, au décès de Guy XVII, l'un des derniers descendants de la lignée des Laval, son comté et la baronnie de Vitré qui en fait partie, échoient à sa nièce Renée de Rieux. L'héritière, qui n'a que vingt-trois ans, est issue de deux illustres familles. Son grand-père maternel Guy XVI, comte de Laval a été a été gouverneur de la Bretagne sous François Ier. Quant à son père, il est en possession de la puissante seigneurie de Rieux, située non loin de Redon. Renée est également apparentée à Françoise d'Amboise épouse du duc de Bretagne Pierre II.

Notre héroïne épouse en 1545 Louis de Sainte-Maure, marquis de Nesle, comte de Joigny. C'est un mari assez peu agréable, qui cumule, dit-on, difformité, caractère difficile et intelligence assez courte. Renée ne tarde pas à le quitter. Elle consacre l'essentiel de son temps à parcourir ses terres et, pour mieux s'inscrire dans la tradition qui veut que les comtes de Laval se nomment Guy, elle se fait appeler Guyonne. Un peu plus tard, elle obtient d'Henri II l'autorisation d'administrer personnellement ses biens.

Dès cette époque, Renée de Rieux affiche quelques sympathies pour la Réforme. Mais l'arrivée dans la région de l'un des chefs du protestantisme français, François de Coligny, seigneur d'Andelot, qui de surcroît a épousé sa sœur Claude achève de la convaincre.

Doit-on imputer à ses options religieuses l'origine des dissensions entre les époux ? Ou bien, comme on l'a prétendu, la légèreté d'une femme au tempérament fougueux et à la trop forte personnalité y fut-elle pour quelque chose ? Toujours est-il que l'infortuné marquis finit par avoir gain de cause. Il n'a pas hésité en effet à dénoncer auprès du Saint-Siège le comportement hérétique de son épouse et obtient en 1556 du pape Paul V son excommunication. Paul V s'autorise même à y joindre admonestation enjoignant la marquise de Nesle à reprendre sa place auprès de son époux. Cette fois, c'en est trop : la bouillante Guyonne, outrée de voir un pape s'immiscer dans sa vie privée, découvre dans cet abus de pouvoir une raison supplémentaire de rejeter l'Eglise de Rome et d'adhérer définitivement à la nouvelle religion.

Cité fortifiée pratiquement inexpugnable à l'abri de sa puissante forteresse, Vitré, chef-lieu d'une baronnie dépendante du comté de Laval, ne va pas tarder à devenir une ville refuge pour les persécutés huguenots et, par extension, sera reconnue comme capitale du protestantisme breton au XVI ème siècle. Même s'ils n'y sont pas majoritaires, les calvinistes tiennent fermement la ville. On comptera à ce moment dans la région jusqu'à quelque cinq cents à six cents réformés, des nobles et des artisans principalement, des négociants en toile aussi, soit environ 10% de la population.

Pour répondre aux besoins, un prêche est d'abord installé au château, Puis on fonde une Eglise calviniste dressée, pourvue dès 1560 d'un pasteur résidant.

Guyonne, que ses détracteurs, heurtés par son existence assez peu conformiste, surnomment Guyonne-la-Folle, s'investit entièrement en faveur de la religion nouvelle. Tant et si bien qu'elle n'hésitera à pas à prendre, en 1567, une part active dans le complot de Meaux, cette tentative avortée d'enlèvement de Charles IX. Les conjurés, dans leur naïveté, espéraient la déchéance du roi et son remplacement à la tête du royaume par le calviniste Louis de Condé, prince du sang.

L'affaire fait grand bruit. Le parlement de Paris est saisi et, par un arrêt de 1567, ordonne la mise sous séquestre de tous les biens de la dame de Vitré. Deux ans plus tard, un nouvel arrêté prononce leur confiscation et condamne la coupable à avoir la tête tranchée. En outre, pour l'humilier, ses armes sont attachées, renversées, à la queue d'un cheval et traînées dans les rues de Laval,

Lorsque, ultérieurement, les officiers de police, chargés de l'exécution de la sentence voudront se saisir de sa personne, on s'apercevra que la condamnée est décédée depuis deux ans à Laval, le 13 décembre 1567.

NB : Il est juste de noter que, selon d'autres sources, le délai séparant la sentence de l'arrestation ne serait pas imputable à une quelconque négligence ou à des lenteurs administratives, mais relèverait d'un désir de clémence. Un sursis aurait été accordé à la condamnée pour cause de dérangement mental.

Pourquoi un sursis et non pas l'acquittement ? Cette version des faits ne répond pas à cette question.. Quant à la prétendue folie, elle ne semble pas avoir été plus qu'un peu d'extravagance.

 

Eléments de généalogie

Note : Après Guyonne de Laval morte sans descendance, le comté de Laval et la baronnie de Vitré passeront à Paul, fils aîné de d'Andelot.

 

Sources :

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